Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/405

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1580. sans aucune absolution ecclésiastique, avec Marie, fille de Théodore Nagoï, dignitaire de la cour : mariages funestes pour la Russie, par les résultats imprévus dont ils furent suivis ; cause et origine de longs malheurs ! Peut-être Godounof, élevé depuis peu au rang de boyard, apercevait-il déjà dans le vague de l’avenir, le but incertain, mais audacieux, d’une ambition jusqu’alors sans exemple dans l’histoire de Russie. Favori du monarque, il ne pouvait être jaloux que de la faveur dont jouissait Bogdan Belzky, grand écuyer du tzar, le plus rapproché de sa personne, à la sûreté de laquelle il veillait jour et nuit. Beau-frère du tzarévitch, Godounof partageait les égards et les honneurs avec les parens du tzar, avec le prince Glinsky et la famille des Nagoï, dont la cour se remplit tout-à-coup. Enfin, membre du conseil, il y voyait encore beaucoup de boyards plus anciens que lui, tels que les Mstislavsky, Schouïsky, Troubetzkoï, Galitzin, Yourief, Sabourof, mais aucun d’entr’eux n’égalait son mérite comme homme d’État.

Dans des jours de détresse pour la patrie, ces noces fatales furent célébrées par Jean, à la Slobode Alexandrovsky, au milieu d’un petit cercle de favoris. Là se cachaient, sous le masque de courtisans dévoués, deux futurs tzars et un