Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/434

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1581. les portes sur-le-champ. Mais ceux-ci leur répondirent : « Est-ce le fait d’un héros de faire la guerre à des moines ? Si vous cherchez les combats et la gloire, allez sous les murs de Pskof ; vous y trouverez des adversaires dignes de vous. Quant à nous, plutôt mourir que de nous rendre ! » La conduite des moines surpassa encore la fermeté de ces paroles. À l’aide des militaires, ils repoussèrent deux assauts, firent prisonniers le jeune Ketler, neveu du duc de ce nom, et deux illustres dignitaires livoniens. Depuis ce moment la nombreuse armée ennemie ne fit plus que lutter contre le froid et la famine. Les soldats gelaient en faction ou sous leurs tentes ; les vivres étaient devenus si chers dans le camp de Batory qu’une mesure de seigle s’y vendait jusqu’à 10 roubles d’argent au cours actuel, et une vache environ 25 roubles ; il fallait envoyer les fourrageurs à cent cinquante verstes de distance et à travers mille dangers ; de sorte que les chevaux, réduits, pour toute nourriture, à une faible ration de foin et de paille, périssaient par centaines. La caisse, épuisée, ne pouvait plus suffire au paiement de la solde. Trois mille Allemands se retirèrent dans leurs foyers. « Le roi veut tenir sa parole, écrivaient les généraux lithuaniens à leurs