Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/449

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ment 1582. le plus pur que l’homme puisse éprouver. Il n’en était pas ainsi des Russes établis en Livonie où, depuis long-temps, ils se regardaient comme dans leur patrie ; ils y avaient leurs familles, des maisons, des temples, un évêché (à Dorpat) ; et conformément au traité, il leur fallait sortir de ce pays, avec leurs femmes et leurs enfans, pour aller à Novgorod ou à Pskof. Accablés de regrets, ils versèrent des larmes en écoutant, pour la dernière fois, le son des cloches de l’église orthodoxe, humiliée et proscrite ; mais elles coulèrent avec plus d’amertume encore sur les tombeaux de leurs parens. Pendant près de six siècles la Russie avait compté la Livonie au nombre de ses domaines, car elle avait gouverné ses sauvages habitans dès le règne du grand Vladimir ; elle y avait bâti des forteresses sous Yaroslaf, levé des impôts dans la province de Dorpat à l’époque la plus florissante de l’Ordre ; toutefois elle renonçait solennellement à ce pays, arrosé de sang russe ; elle y renonçait pour long-temps, c’est-à-dire, jusqu’aux conquêtes du héros de Pultava !…… Cependant le peuple, toujours ami de la paix, bénissait la fin d’une guerre désastreuse. Quant au tzar, il semblait qu’il fût arrivé enfin à pouvoir jouir du repos qu’ambitionnait son âme timide ; mais la puis-