Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/473

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bande peu nombreuse d’aventuriers, excités, d’une part, par la cupidité ; stimulés, de l’autre, par un noble désir de gloire, faisaient, pour la Russie, la conquête d’un nouvel Empire ; ils ouvraient à l’Europe un autre nouveau monde, froid, inhabité, mais fournissant en abondance ce qui peut suffire à la vie de l’homme ; remarquable surtout par la variété, la grandeur, les richesses de la nature. Dans ces contrées ignorées jusqu’alors, le sein de la terre renferme des métaux, des pierres précieuses, et les forêts profondes sont peuplées d’animaux à riches fourrures ; de vastes déserts, ensemencés de blé sauvage par la nature elle-même ; des fleuves navigables, des lacs immenses et poissonneux ; des plaines étendues et fertiles, n’attendent que la main de l’homme laborieux pour présenter, dans le cours de quelques siècles, le tableau d’une nouvelle activité sociale, pour ouvrir un asile aux peuples resserrés en Europe et offrir à l’excédant de sa population une bienfaisante hospitalité. Trois marchands, secondés par un chef fugitif des flibustiers du Volga, formèrent, sans aucun ordre du tzar, le hasardeux projet de conquérir la Sibérie au nom de ce souverain.

L’immense étendue de l’Asie septentrionale, bordée par les monts Ourals, la mer glaciale,