Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/513

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1583. en zibelines et les traitèrent avec tout le luxe que permettait leur position, se préparant ensemble à de nouvelles entreprises. Toutefois cette félicite d’Iermak et de ses compagnons ne fut pas de longue durée : nous touchons au commencement de leurs revers.

Maladies et famine en Sibérie. D’abord on vit se manifester parmi les troupes un affreux scorbut, maladie commune à ceux qui arrivent dans des climats froids et humides, dans des contrées sauvages et presque inhabitées. Les strélitz en furent attaqués les premiers. Bientôt elle se communiqua aux Cosaques, dont plusieurs perdirent les forces et même la vie. Ensuite l’hiver amena une grande disette de vivres : un froid excessif, des tourmentes, des tourbillons de neige empêchaient la chasse et la pêche ainsi que l’arrivage du grain des campemens voisins, dont quelques habitans s’occupaient d’une agriculture peu productive. La famine commençait à se faire sentir ; la maladie faisait des progrès, et tous les jours elle enlevait plusieurs victimes, au nombre desquelles se trouva le prince Bolkovsky. On lui fit, à Isker, d’honorables funérailles. L’abattement général atteignit aussi le cœur d’Iermak ; il ne craignait pas la mort, habitué depuis long-temps à la braver, mais il s’affligeait à l’idée de perdre sa conquête,