Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/83

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1564. de leur sang les temples du Seigneur. Les puissans, les hommes vertueux vivent et sont à mon service. Je sévis contre les traîtres seuls ; mais dans quels lieux les épargne-t-on ? Constantin-le-Grand n’a-t-il pas sacrifié son propre fils ? Combien de chrétiens ton ancêtre le prince Féodor n’a-t-il pas massacrés dans Smolensk ? Sans doute j’ai infligé beaucoup de chatimens, et ce pénible devoir a déchiré mon cœur ; cependant tout le monde sait que le nombre des trahisons est plus considérable encore. Interroge les marchands étrangers qui arrivent dans mes États ; ils te diront que tes protecteurs sont des scélérats reconnus, que la Russie ne pouvait plus supporter : et qui sont-ils ces protecteurs de la patrie ? Des Saints ou bien des dieux comme Jupiter, Apollon ? Jusqu’à présent les souverains de Russie ont été libres et indépendans : ils ont récompensé ou puni leurs sujets, selon leur bon plaisir et sans en rendre compte à qui que ce soit ; jamais cet ordre de choses ne changera. Je ne suis plus un enfant : j’ai besoin de la grâce de Dieu, de la protection de la Vierge Marie et de tous les Saints, mais je ne demande point de leçons aux hommes. Gloire au Tout-Puissant ! La Russie prospère, mes boyards