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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/32

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L’armée se mit alors en mouvement, et ses nombreux bataillons se déployèrent avec ordre sous les yeux des ennemis. Les princes Michel Koubensky, Jean Schouisky, et Dmitri Belzky lui-même, plantèrent leurs drapeaux sur les bords de l’Oka. D’autres troupes arrivaient encore sur les ailes, et l’on apercevait dans l’éloignement une nombreuse réserve. À cette vue, le khan consterné, s’adressant avec colère au traître Belzky et aux principaux chefs de son armée, leur dit : « Vous m’avez trompé en m’assurant que la Russie ne pourrait soutenir à la fois la guerre contre Kazan et contre moi. Quelle armée !… Jamais ni moi, ni aucun de mes plus vieux guerriers n’en avons vu de semblable. » Rempli d’effroi, il voulait se retirer sur-le-champ, mais les mourzas firent leurs efforts pour l’en détourner. Les boulets, les balles et les flèches volaient des deux côtés ; le soir, les Tatars se retirèrent sur les hauteurs, et les Russes, enflammés de courage, leur criaient : Venez ! venez ! nous vous attendons ! »

La nuit étant survenue, les voïévodes de Jean se préparèrent pour le lendemain à une bataille qui semblait devoir être décisive. Il n’existait dans l’armée russe, ni crainte, ni doute ; l’impatience éloignait le repos, et le camp reten-