Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/183

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d’elle de plus amples informations ; car les scélérats avaient, à ce qu’on dit, avant de mourir (132), allégé leur conscience par un aveu sincère, et avaient nommé Boris Godounoff comme premier coupable de la mort de Dmitri. Il est probable que la gouvernante effrayée ne niait point cet infernal complot ; mais le juge de ce crime était le criminel lui-même.

Après avoir assouvi sa vengeance, illégale quoique juste, le peuple pouvait être excusé par le sentiment qui l’avait conduit, mais il était coupable devant la loi. Il se calma toutefois, et attendit avec inquiétude des nouvelles de Moscou, où les commandans avaient envoyé un courrier avec le rapport exact du funeste événement, rapport où rien n’était dissimulé et qu’ils adressaient directement au Tsar. Mais Godounoff avait tout prévu ; des officiers dévoués étaient placés sur la route d’Ouglitche ; ils arrêtaient tous les passans, les questionnaient, les visitaient. Ils retinrent le courrier et l’amenèrent à Boris. Les désirs de l’ambitieux étaient accomplis !…. Il ne s’agissait plus que de masquer la vérité par