Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/215

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Aussi en augmentait-il tous les jours le nombre ; et plus il méritait de reproches, plus il recherchait la louange et voulait l’entendre de tous côtés, fut-elle fausse ou vraie. Il la trouvait également dans les livres (156) que composaient les Écrivains ecclésiastiques et laïques du temps ; en un mot, par l’adresse et la force, la terreur et les bienfaits, il produisit autour de lui, comme un bruit de gloire qui, s’il n’étouffait pas tout-à-fait le cri de sa conscience, faisait taire au moins la voix de la vérité chez le peuple.

Mais Godounoff avait beau sacrifier, à une seule pensée, et le ciel et le véritable bonheur de l’homme sur la terre, cette tranquillité de l’âme, ces jouissances intérieures de la vertu, cette gloire légitime de bienfaiteur de l’état et celle d’un nom sans tache dans l’histoire ; il n’en fut pas moins au moment de perdre le fruit tant désiré de ses intrigues, par une circonstance naturelle, mais inattendue. Tout-à-coup, depuis le palais du Kremlin jusqu’aux contrées les plus reculées de l’Empire, se répand un bruit qui, à l’exception de Boris, remplit tous les cœurs d’une heureuse espé-