Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/216

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rance ; Grossesse d’Irène. c’était la nouvelle de la grossesse d’Irène. Jamais la Russie, au rapport de l’Annaliste, ne témoigna une plus grande joie ; il semblait que le Ciel, irrité des crimes de Godounoff, mais touché des larmes secrètes des véritables patriotes, voulait se réconcilier avec ce grand peuple, et faire sortir des cendres du tombeau de Dmitri, une nouvelle tige de l’arbre royal dont les rameaux devaient ombrager les siècles futurs de la Russie. Il est facile de se faire une idée des sentimens d’une nation dévouée à la dynastie souveraine de Saint-Vladimir ; mais il est plus difficile de se rendre compte de ceux qu’éprouva Godounoff à cette nouvelle inattendue. Le plus affreux des assassinats devenait inutile à son auteur. Il était dévoré de remords, et l’espérance l’abandonnait pour toujours ou du moins jusqu’à l’accomplissement d’un nouveau crime, dont l’idée était terrible, même pour un scélérat ! Godounoff fut obligé de souffrir la joie générale, de paraître y prendre part, de tromper la Cour et sa sœur. Après quelques mois d’attente, Irène Naissance et mort de la tsarine Théodosie. accoucha d’une fille, ce qui soulagea le cœur de Godounoff ; mais les parens en furent sa-