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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/260

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pour victime ; ils n’ont qu’à le tuer au premier moment où ils verront briller nos cimetères, et tout n’en ira que mieux, car le terrible Abbas n’aime, ni ses neveux, ni ses frères, et il leur réserve le repos éternel de la tombe ou la nuit des cachots ». Azi ne calomniait point le Schah. Cependant ce destructeur impitoyable de sa race déploya les qualités et l’appareil d’un grand monarque aux yeux de l’ambassadeur de Fédor, le prince Svénigorodsky, qui devait prendre connaissance de l’état des choses en Perse et des projets d’Abbas. En 1594, cet envoyé traversa le pays de Ghilan, déjà soumis au Schah qui en avait chassé le roi Achmet, accusé par lui d’infidélité. L’ordre et la tranquillité qui y régnaient prouvaient l’infatigable activité du nouveau Souverain. On traita partout avec distinction l’ambassadeur de Fédor. Abbas le reçut à Kachan, environné d’une Cour brillante de Tsarévitches et des grands de son Empire. Il portait à son côté un sabre enrichi de diamans, et il avait auprès de lui un arc et une flèche. Il lui tendit la main sans lui proposer de baiser son pied ; il témoigna la plus grande satisfaction,