Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/302

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rine ». Sur le champ on se rendit en corps au monastère des Vierges, où le patriarche Job, au nom de la patrie, conjura la religieuse Alexandra d’autoriser, par sa bénédiction, son frère à monter sur le Trône qu’elle avait méprisé, par amour pour Jésus-Christ son immortel époux ; ajoutant qu’elle remplirait par-là la volonté divine et celle de la nation ; qu’elle calmerait le trouble qui agitait tous les cœurs ; qu’elle essuyerait les larmes des Russes, malheureux orphelins sans protecteur, et rétablirait l’Empire ébranlé, avant que les ennemis du Christianisme n’eussent appris que le trône de Monomaque était vacant. Tous, sans en excepter Irène, répandaient des larmes en écoutant les paroles éloquentes du Patriarche. Job se tourna vers Godounoff, lui offrit humblement la Couronne et le nomma élu de Dieu pour renouveler la dynastie régnante en Russie, et successeur légitime du Trône, après son beau-frère et son ami qui avait dû tous les succès de son règne à la sagesse de Boris.

C’est ainsi que s’accomplit le désir de l’ambitieux Boris ; mais il savait se contraindre,