Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/374

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regarde, vise, et d’un coup porté de toutes ses forces, il enfonce sa pique dans le corps de l’animal, et cherche avec son pied à en appuyer l’autre bout contre terre. L’ours, irrité, blessé, s’enferre de plus en plus ; il arrose la pique de sang et d’écume ; cherche à la briser, à en ronger le bois, et ne pouvant y parvenir, il tombe, il expire en poussant un dernier rugissement étouffé. Le peuple, qui, jusqu’à cet instant, a gardé le plus profond silence, fait alors retentir la place du bruit de ses acclamations, et l’on mène le vainqueur en triomphe dans les caves de la Cour, pour boire à la santé du Souverain. Celui-ci se trouve heureux de cette seule récompense, et peut-être un peu plus d’avoir échappé à la fureur de l’ours, qui, en cas de maladresse ou de défaut de forces du combattant, prendrait une cruelle revanche, en mettant d’abord la pique en pièces, et en le déchirant lui-même, en un instant, avec ses dents et ses griffes ».

Bains. Fletcher, en parlant de la passion des habitans de Moscou pour les bains, s’étonne surtout de leur insensibilité au chaud et au froid.