Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/375

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« Par les gelées les plus rigoureuses, dit-il, on les voit sortir du bain, nus et rouges comme du feu, et se précipiter dans des trous pratiqués sous la glace ».

Vices. Les Russes n’étaient point flattés dans le portrait que cet observateur faisait de leur moralité. Admettant, comme tout écrivain poli, des exceptions, il reprochait aux Moscovites d’être menteurs, et, par conséquent, d’une méfiance sans bornes les uns envers les autres. Il s’exprime ainsi : « Les Moscovites ne croient pas à la parole des autres, parce que personne ne croit à la leur ». Les vols, d’après lui, étaient très-fréquens à cause de la quantité de vagabons et de mendians, qui, en demandant l’aumône, disaient à chaque passant : « Fais-moi la charité, ou tue-moi » ! Le jour ils imploraient la pitié, et la nuit ils volaient ou dérobaient, au point que, lorsque les soirées étaient obscures, les gens prudens ne quittaient pas leurs maisons. Fletcher, serviteur dévoué d’Élisabeth, ennemi de l’Église d’occident, et condamnant également dans la nôtre tout ce qui avait quelque rapport avec les réglemens de l’Église latine, fait une peinture des