Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/46

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grand Seigneur Russe en correspondance avec un Souverain étranger ; chose que n’avait pas permise jusqu’alors, la politique ombrageuse de nos Tsars. À cette même époque Godounoff ayant reçu une dépêche des ministres d’Élisabeth, par laquelle ceux-ci élevaient de nouvelles prétentions en faveur de leurs marchands, il ordonna au diak Stchelkaloff de répondre qu’on avait fait pour les Anglais, tout ce qui était possible, et qu’on ne ferait rien de plus. « Vous devriez rougir, ajoutait la lettre, d’importuner par de semblables demandes un personnage aussi élevé ; et il ne convient pas au beau-frère du Tsar, au plus grand Seigneur de l’État, de répondre lui-même à votre indiscrète missive ». Quoiqu’il mît le plus grand prix à la bienveillance de l’illustre Reine, et fut sensible à ses bontés, Godounoff savait cependant mettre des bornes à ses complaisances. Les Anglais cherchaient à renverser Stchelkaloff qu’ils détestaient ; mais Boris, respectant son expérience et sa capacité, lui confiait toutes les affaires extérieures ; et il voulut le distinguer par un nouveau titre : celui de Diak intime.