Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/133

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sinon pour calmer la conscience, du moins pour assurer l’impunité du persécuteur, en couvrant le crime du masque des lois, comme l’avait fait jadis, Ivan le terrible, et Boris lui-même, sous le règne de Fédor, en se défaisant de ceux qu’il haïssait.

On regardait alors les esclaves comme les dénonciateurs les plus sûrs. Le Tsar voulant les encourager dans cette lâche trahison, ne rougit pas de récompenser ouvertement un des serviteurs du boyard prince Fédor Schestounoff, qui avait faussement accusé son maître de malveillance envers le Souverain. On n’inquiéta pas encore Schestounoff, mais on transmit publiquement au calomniateur, la parole gracieuse du Tsar, et on lui donna la liberté, un rang et un domaine. En même temps on insinua aux serviteurs des Romanoff, que le Souverain payerait de pareilles dénonciations par des faveurs encore plus éclatantes. Comptant sur la crédulité et l’ignorance du peuple, le principal complice de la nouvelle tyrannie, Siméon Godounoff, nouveau Maluta Skouratoff, inventa le moyen de convaincre l’innocence des crimes les plus noirs.