élever le prix, et le revendre avec un bénéfice infâme. Les pauvres qui recevaient un kopek en argent ne pouvaient se nourrir, et cette faveur même devint un malheur pour la Capitale. Les cultivateurs des environs et des lieux les plus éloignés se précipitèrent en foule vers Moscou, avec leurs femmes et leurs enfans, pour recevoir l’aumône du Tsar, et augmentaient ainsi le nombre des mendians. C’était envain que le trésor distribuait par jour plusieurs milliers de roubles (126) : la famine croissait sans cesse, et devint si épouvantable, qu’il est impossible de lire sans horreur la description qu’en font les contemporains : « Je prends la vérité et le ciel à témoin, dit l’un d’eux (127), que j’ai vu de mes propres yeux, à Moscou, des hommes couchés dans les rues, qui arrachaient de l’herbe et s’en nourrissaient ; on trouvait du foin dans la bouche des morts ». La chair de cheval était une friandise ; on mangeait des chiens, des chats, des animaux morts et toute sorte d’immondices : Les hommes abandonnaient leurs femmes et leurs familles pour ne point partager avec eux leurs derniers mor-
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