Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/151

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et au prix qu’il avait fixé, toutes les provisions de blé que possédaient encore les riches, mais il envoya dans les contrées les plus éloignées et les plus fertiles visiter les granges, où l’on trouva d’énormes meules qui n’avaient pas été touchées depuis un demi-siècle, et sur lesquelles des arbrisseaux avaient eu le temps de croître. Il ordonna de battre ce blé, de le porter à Moscou et dans d’autres provinces. Les transports éprouvèrent des difficultés presqu’insurmontables. Dans plusieurs endroits de la route, il ne se trouva ni charriots, ni nourriture ; les habitans des villages avaient pris la fuite, et les convois traversaient la Russie comme les déserts de l’Afrique, escortés de troupes destinées à les garantir des attaques des malheureux qui, pressés par la faim, s’emparaient de force, non seulement dans les villages, mais même dans les rues et sur les marchés de Moscou, de tout ce qui pouvait l’assouvir (130). Enfin, l’activité du pouvoir souverain écarta tous les obstacles ; et, en 1603, disparurent, peu à peu, tous les symptômes du plus cruel des fléaux. L’abondance revint de nouveau, et à tel point, que le prix du