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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/152

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tchetvert de blé tomba de trois roubles à dix kopeks, pour le bonheur du peuple et le désespoir des accapareurs, qui avaient encore de riches magasins de seigle et de froment. Le fléau avait cessé, mais les traces ne pouvaient en être effacées de long-temps. La population de la Russie était visiblement diminuée, les fortunes particulières détériorées, le Trésor, sans doute, appauvri. Cependant Godounoff, tout en le prodiguant généreusement pour le salut de la Nation, ne diminua en rien la magnificence de sa Cour ; il semblait chercher, au contraire, à l’augmenter plus que jamais, pour se déguiser à lui-même les effets de la colère céleste qui paraissait le poursuivre. C’était aux yeux des Ambassadeurs étrangers qu’il voulait surtout en dérober les preuves, et depuis les frontières jusqu’à Moscou, il les environnait d’une abondance et d’un luxe apparens (131) : ils voyaient sur leur passage des gens richement vêtus, les marchés étaient remplis de toutes sortes de denrées, et pas un seul mendiant ne s’offrait à leur vue, lorsque, à une verste de là, les tombeaux s’encombraient des victimes de la faim.