Aller au contenu

Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se hâtèrent de se rendre à Kief, et l’Archimandrite trouva, dans la cellule qu’avait occupée Grégoire, le billet suivant : « Je suis le Tsarévitche Dmitry, fils d’Ivan, et je n’oublierai pas tes bons traitemens, lorsque je serai monté sur le trône de mon père ». L’Archimandrite en fut effrayé, ne sut à quel parti s’arrêter et se décida à garder le silence.

C’est ainsi que l’Imposteur se découvrit pour la première fois en Russie. C’est ainsi qu’un Diacre fugitif imagina, par un grossier mensonge, de renverser un puissant monarque, et de monter à sa place sur le trône, dans un Empire où le Souverain était regardé comme un dieu terrestre ; où jamais encore le peuple n’avait trahi ses Tsars, et où le serment prêté à un Souverain élu, n’en était pas moins sacré, pour ses fidèles sujets. Comment expliquer, autrement que par les décrets d’une impénétrable Providence, non seulement le succès, mais jusqu’à l’idée d’une pareille entreprise ? Elle semblait un délire, mais l’Imposteur avait choisi le seul chemin qui pouvait lui offrir un espoir d’arrivier à son but : la Lithuanie !