Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/175

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Cour de Rome ? Que ne seraient-elles pas en droit d’exiger de la reconnaissance du faux Dmitri, après l’avoir aidé à se rendre maître d’un Empire, qui toujours menaçait la Lithuanie et rejetait la puissance spirituelle du Pape ? Sigismond pouvait d’un ennemi dangereux se faire un ami et un allié ; et le Souverain Pontife un fils dévoué d’un schismatique opiniâtre. C’est ainsi que s’explique la crédulité du Roi et du Nonce. On ne songeait point à la vérité, mais uniquement à l’avantage qui résulterait de ces intrigues.

Les seuls malheurs de la Russie, nos troubles, nos guerres civiles, charmaient déjà l’imagination de nos ennemis naturels ; et si le timide Sigismond hésitait encore, les Jésuites zélés vainquirent son irrésolution en lui offrant un moyen séduisant pour les âmes faibles, celui d’agir par des voies détournées et secrètes, et, sous le masque d’un voisin pacifique, lancer le feu de la guerre en Russie. Déjà Rangoni était intimement lié avec l’Imposteur, et les infatigables Jésuites leur servaient d’intermédiaires. Déjà l’on s’était expliqué des deux côtés et l’on avait fait une