Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/342

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de son caractère, qui avait joui d’une égale confiance sous Boris et sous l’Imposteur, le gentilhomme du Conseil, Michel Tatistcheff, tomba tout à coup en disgrâce, par suite d’une hardiesse qui ne lui était pas ordinaire. Un jour, à la table du Tsar, le prince Vassili-Schouisky apercevant un plat de veau, dit, pour la première fois au faux Dmitri, qu’on ne devait point offrir aux Russes des mêts qui leur étaient odieux, et Tatistcheff, se joignant à Schouisky, commença à parler avec tant d’irrévérence et de témérité, qu’on le fit sortir du palais et qu’on voulut l’exiler à Viatka (320) ; Basmanoff, quinze jours après, obtint sa grâce, mais il en fut victime lui-même, comme nous le verrons plus tard. Cette circonstance éveilla le soupçon de quelques-uns des proches d’Otrépieff, et dans son propre esprit. On pensait que ce n’était point sans intention que Schouisky avait entamé cette discussion, et que Tatistcheff était sorti de son caractère ; que, connaissant la vivacité du faux Dmitri, ils avaient voulu en arracher quelques paroles indiscrètes, et les répandre ensuite dans la ville pour lui nuire ; qu’ils devaient avoir