Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/14

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à peu près comme ce paysan qui prenait un savant professeur de physique faisant des expériences pour un adroit escamoteur. En supposant même que cela ait pu avoir lieu quelquefois, serait-ce une raison pour nier le fait ? Faut-il nier la physique, parce qu’il y a des prestidigitateurs qui se décorent du titre de physiciens ? Il faut d’ailleurs tenir compte du caractère des personnes et de l’intérêt qu’elles pourraient avoir à tromper. Ce serait donc une plaisanterie ? On peut bien s’amuser un instant mais une plaisanterie indéfiniment prolongée serait aussi fastidieuse pour le mystificateur que pour le mystifié. Il y aurait au reste dans une mystification qui se propage d’un bout du monde à l’autre, et parmi les personnes les plus graves, les plus honorables et les plus éclairées, quelque chose d’au moins aussi extraordinaire que le phénomène lui-même.

IV

Si les phénomènes qui nous occupent se fussent bornés au mouvement des objets, ils seraient restés, comme nous l’avons dit, dans le domaine des sciences physiques ; mais il n’en est point ainsi : il leur était donné de nous mettre sur la voie de faits d’un ordre étrange. On crut découvrir, nous ne savons par quelle initiative, que l’impulsion donnée aux objets n’était pas seulement le produit d’une force mécanique aveugle, mais qu’il y avait dans ce mouvement l’intervention d’une cause intelligente. Cette voie une fois ouverte, c’était un champ tout nouveau d’observations ; c’était le voile levé sur bien des mystères. Y a-t-il en effet une puissance intelligente ? Telle est la question. Si cette puissance existe, quelle est-elle, quelle est sa nature, son origine ? Est-elle au-dessus de l’humanité ? Telles sont les autres questions qui découlent de la première.

Les premières manifestations intelligentes eurent lieu au moyen de tables se levant et frappant avec un pied un nombre déterminé de coups, et répondant ainsi par oui ou par non, suivant la convention, à une question posée. Jusque-là rien de convaincant assurément pour les sceptiques, car on pouvait croire à un effet du hasard. On obtint ensuite des réponses plus développées par les lettres de l’alphabet : l’objet mobile frappant un nombre de coups correspondant au numéro d’or-