Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dre de chaque lettre, on arrivait ainsi à formuler des mots et des phrases, répondant à des questions posées. La justesse des réponses, leur corrélation avec la question excitèrent l’étonnement. L’être mystérieux qui répondait ainsi, interrogé sur sa nature, déclara qu’il était Esprit ou génie, se donna un nom, et fournit divers renseignements sur son compte. Ceci est une circonstance très importante à noter. Personne n’a donc imaginé les Esprits, comme un moyen d’expliquer le phénomène ; c’est le phénomène lui-même qui révèle le mot. On fait souvent, dans les sciences exactes, des hypothèses pour avoir une base de raisonnement, or ce n’est point ici le cas.

Ce moyen de correspondance était long et incommode. L’Esprit, et ceci est encore une circonstance digne de remarque, en indiqua un autre. C’est l’un de ces êtres invisibles qui donna le conseil d’adapter un crayon à une corbeille ou à un autre objet. Cette corbeille, posée sur une feuille de papier, est mise en mouvement par la même puissance occulte qui fait mouvoir les tables ; mais, au lieu d’un simple mouvement régulier, le crayon trace de lui-même des caractères formant des mots, des phrases, et des discours entiers de plusieurs pages, traitant les plus hautes questions de philosophie, de morale, de métaphysique, de psychologie, etc., et cela avec autant de rapidité que si l’on écrivait avec la main.

Ce conseil fut donné simultanément en Amérique, en France et dans diverses contrées. Voici les termes dans lesquels il fut donné à Paris, le 10 juin 1853, à l’un des plus fervents adeptes de la doctrine, qui déjà depuis plusieurs années, et dès 1849, s’occupait de l’évocation des Esprits : « Va prendre, dans la chambre à côté, la petite corbeille ; attaches-y un crayon ; place-le sur un papier ; mets les doigts sur le bord. » Puis, quelques instants après, la corbeille s’est mise en mouvement et le crayon a écrit très lisiblement cette phrase : « Ce que je vous dis là, je vous défends expressément de le dire à personne ; la première fois que j’écrirai, j’écrirai mieux. »

L’objet auquel on adapte le crayon n’étant qu’un instrument, sa nature et sa forme sont complètement indifférentes ; on a cherché la disposition la plus commode ; c’est ainsi que beaucoup de personnes font usage d’une petite planchette.

La corbeille, ou la planchette, ne peut être mise en mouvement que sous l’influence de certaines personnes douées à cet