Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/376

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comme les révolutions sociales, s’infiltrent peu à peu dans les idées ; elles germent pendant des siècles, puis tout à coup éclatent et font écrouler l’édifice vermoulu du passé, qui n’est plus en harmonie avec les besoins nouveaux et les aspirations nouvelles.

L’homme n’aperçoit souvent dans ces commotions que le désordre et la confusion momentanés qui le frappent dans ses intérêts matériels ; celui qui élève sa pensée au-dessus de la personnalité admire les desseins de la Providence qui du mal fait sortir le bien. C’est la tempête et l’orage qui assainissent l’atmosphère après l’avoir bouleversée.

784. La perversité de l’homme est bien grande, et ne semble-t-il pas marcher à reculons au lieu d’avancer, du moins au point de vue moral ?

« Tu te trompes ; observe bien l’ensemble et tu verras qu’il avance, puisqu’il comprend mieux ce qui est mal, et que chaque jour il réforme des abus. Il faut l’excès du mal pour faire comprendre la nécessité du bien et des réformes. »

785. Quel est le plus grand obstacle au progrès ?

« L’orgueil et l’égoïsme ; je veux parler du progrès moral, car le progrès intellectuel marche toujours ; il semble même au premier abord donner à ces vices un redoublement d’activité en développant l’ambition et l’amour des richesses qui, à leur tour, excitent l’homme aux recherches qui éclairent son Esprit. C’est ainsi que tout se tient dans le monde moral comme dans le monde physique, et que du mal même peut sortir le bien ; mais cet état de choses n’aura qu’un temps ; il changera à mesure que l’homme comprendra mieux qu’il y a en dehors de la jouissance des biens terrestres un bonheur infiniment plus grand et infiniment plus durable. » (Voyez Égoïsme, chapitre XII).

Il y a deux espèces de progrès qui se prêtent un mutuel appui,