Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/382

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des frères en pratiquant la charité chrétienne ; jusque-là, vous n’êtes que des peuples éclairés, n’ayant parcouru que la première phase de la civilisation. »

La civilisation a ses degrés comme toutes choses. Une civilisation incomplète est un état de transition qui engendre des maux spéciaux, inconnus à l’état primitif ; mais elle n’en constitue pas moins un progrès naturel, nécessaire, qui porte avec soi le remède au mal qu’il fait. À mesure que la civilisation se perfectionne, elle fait cesser quelques-uns des maux qu’elle a engendrés, et ces maux disparaîtront avec le progrès moral.

De deux peuples arrivés au sommet de l’échelle sociale, celui-là seul peut se dire le plus civilisé, dans la véritable acception du mot, chez lequel on trouve le moins d’égoïsme, de cupidité et d’orgueil ; où les habitudes sont plus intellectuelles et morales que matérielles ; où l’intelligence peut se développer avec le plus de liberté ; où il y a le plus de bonté, de bonne foi, de bienveillance et de générosité réciproques ; où les préjugés de caste et de naissance sont le moins enracinés, car ces préjugés sont incompatibles avec le véritable amour du prochain ; où les lois ne consacrent aucun privilège et sont les mêmes pour le dernier comme pour le premier ; où la justice s’exerce avec le moins de partialité ; où le faible trouve toujours appui contre le fort ; où la vie de l’homme, ses croyances et ses opinions sont le mieux respectées ; où il y a le moins de malheureux, et enfin, où tout homme de bonne volonté est toujours sûr de ne point manquer du nécessaire.


Progrès de la législation humaine.

794. La société pourrait-elle être régie par les seules lois naturelles sans le secours des lois humaines ?

« Elle le pourrait si on les comprenait bien, et si on avait la volonté de les pratiquer, elles suffiraient ; mais la société a ses exigences, et il lui faut des lois particulières. »

795. Quelle est la cause de l’instabilité des lois humaines ?