Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/407

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mais elle tient au choix du genre d’existence, parce que ces personnes ont voulu être éprouvées par une vie de déception, afin d’exercer leur patience et leur résignation. Cependant ne crois pas que cette fatalité soit absolue ; elle est souvent le résultat de la fausse route qu’elles ont prise, et qui n’est pas en rapport avec leur intelligence et leurs aptitudes. Celui qui veut traverser une rivière à la nage sans savoir nager a grande chance de se noyer ; il en est ainsi dans la plupart des événements de la vie. Si l’homme n’entreprenait que des choses en rapport avec ses facultés, il réussirait presque toujours ; ce qui le perd c’est son amour-propre et son ambition, qui le font sortir de sa voie et prendre pour une vocation le désir de satisfaire certaines passions. Il échoue et c’est sa faute ; mais au lieu de s’en prendre à lui, il aime mieux en accuser son étoile. Tel eût fait un bon ouvrier et gagné honorablement sa vie, qui sera un mauvais poète et mourra de faim. Il y aurait place pour tout le monde si chacun savait se mettre à sa place. »

863. Les mœurs sociales n’obligent-elles pas souvent un homme à suivre telle voie plutôt que telle autre, et n’est-il pas soumis au contrôle de l’opinion dans le choix de ses occupations ? Ce qu’on appelle le respect humain, n’est-il pas un obstacle à l’exercice du libre arbitre ?

« Ce sont les hommes qui font les mœurs sociales et non Dieu ; s’ils s’y soumettent, c’est que cela leur convient, et c’est encore là un acte de leur libre arbitre, puisque s’ils le voulaient ils pourraient s’en affranchir ; alors pourquoi se plaindre ? Ce ne sont pas les mœurs sociales qu’ils doivent accuser, mais leur sot amour-propre qui leur fait préférer mourir de faim plutôt que de déroger. Personne ne leur tient compte de ce sacrifice fait à l’opinion, tandis que Dieu leur tiendra compte du sacrifice