Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ils le sont par deux choses : la loi humaine et la loi naturelle. Les hommes ayant fait des lois appropriées à leurs mœurs et à leur caractère, ces lois ont établi des droits qui ont pu varier avec le progrès des lumières. Voyez si vos lois d’aujourd’hui, sans être parfaites, consacrent les mêmes droits qu’au moyen âge ; ces droits surannés, qui vous paraissent monstrueux, semblaient justes et naturels à cette époque. Le droit établi par les hommes n’est donc pas toujours conforme à la justice ; il ne règle d’ailleurs que certains rapports sociaux, tandis que, dans la vie privée, il est une foule d’actes qui sont uniquement du ressort du tribunal de la conscience. »

876. En dehors du droit consacré par la loi humaine, quelle est la base de la justice fondée sur la loi naturelle ?

« Le Christ vous l’a dit : Vouloir pour les autres ce que vous voudriez pour vous-même. Dieu a mis dans le cœur de l’homme la règle de toute véritable justice, par le désir de chacun de voir respecter ses droits. Dans l’incertitude de ce qu’il doit faire à l’égard de son semblable dans une circonstance donnée, que l’homme se demande comment il voudrait qu’on en usât envers lui en pareille circonstance : Dieu ne pouvait lui donner un guide plus sûr que sa propre conscience. »

Le critérium de la véritable justice est, en effet, de vouloir pour les autres ce qu’on voudrait pour soi-même, et non de vouloir pour soi ce qu’on voudrait pour les autres, ce qui n’est pas du tout la même chose. Comme il n’est pas naturel de se vouloir du mal, en prenant son désir personnel pour type ou point de départ, on est certain de ne jamais vouloir que du bien pour son prochain. De tout temps, et dans toutes les croyances, l’homme a toujours cherché à faire prévaloir son droit personnel ; le sublime de la religion chrétienne a été de prendre le droit personnel pour base du droit du prochain.