Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils soient nos inférieurs, nos égaux ou nos supérieurs. Elle nous commande l’indulgence, parce que nous en avons besoin nous-mêmes ; elle nous défend d’humilier l’infortune, contrairement à ce qui se pratique trop souvent. Qu’une personne riche se présente, on a pour elle mille égards, mille prévenances ; si elle est pauvre, on semble n’avoir pas besoin de se gêner avec elle. Plus sa position est à plaindre, plus on doit craindre au contraire d’ajouter à son malheur par l’humiliation. L’homme vraiment bon cherche à relever l’inférieur à ses propres yeux, en diminuant la distance.

887. Jésus a dit aussi : Aimez même vos ennemis. Or, l’amour pour nos ennemis n’est-il pas contraire à nos tendances naturelles, et l’inimitié ne provient-elle pas du défaut de sympathie entre les Esprits ?

« Sans doute on ne peut pas avoir pour ses ennemis un amour tendre et passionné ; ce n’est pas ce qu’il a voulu dire ; aimer ses ennemis, c’est leur pardonner et leur rendre le bien pour le mal ; par là on leur devient supérieur ; par la vengeance on se place au-dessous d’eux. »

888. Que penser de l’aumône ?

« L’homme réduit à demander l’aumône se dégrade au moral et au physique : il s’abrutit. Dans une société basée sur la loi de Dieu et la justice, il doit être pourvu à la vie du faible sans humiliation pour lui. Elle doit assurer l’existence de ceux qui ne peuvent travailler, sans laisser leur vie à la merci du hasard et de la bonne volonté. »

― Est-ce que vous blâmez l’aumône ?

« Non ; ce n’est pas l’aumône qui est blâmable, c’est souvent la manière dont elle est faite. L’homme de bien qui comprend la charité selon Jésus va au-devant du malheureux sans attendre qu’il lui tende la main.

« La vraie charité est toujours bonne et bienveillante ; elle est autant dans la manière que dans le fait. Un service rendu avec délicatesse double de prix ; s’il l’est avec