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Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/442

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L’homme qui est bien pénétré de sa destinée future ne voit dans la vie corporelle qu’une station temporaire. C’est pour lui une halte momentanée dans une mauvaise hôtellerie ; il se console aisément de quelques désagréments passagers d’un voyage qui doit le conduire à une position d’autant meilleure qu’il aura mieux fait d’avance ses préparatifs.

Nous sommes punis dès cette vie de l’infraction aux lois de l’existence corporelle par les maux qui sont la suite de cette infraction et de nos propres excès. Si nous remontons de proche en proche à l’origine de ce que nous appelons nos malheurs terrestres, nous les verrons, pour la plupart, être la suite d’une première déviation du droit chemin. Par cette déviation nous sommes entrés dans une mauvaise voie, et de conséquence en conséquence nous tombons dans le malheur.

922. Le bonheur terrestre est relatif à la position de chacun ; ce qui suffit au bonheur de l’un fait le malheur de l’autre. Y a-t-il cependant une mesure de bonheur commune à tous les hommes ?

« Pour la vie matérielle, c’est la possession du nécessaire ; pour la vie morale : la bonne conscience et la foi en l’avenir. »

923. Ce qui serait du superflu pour l’un ne devient-il pas nécessaire pour d’autres, et réciproquement, suivant la position ?

« Oui, selon vos idées matérielles, vos préjugés, votre ambition et tous vos travers ridicules dont l’avenir fera justice quand vous comprendrez la vérité. Sans doute, celui qui avait cinquante mille livres de revenu et se trouve réduit à dix se croit bien malheureux, parce qu’il ne peut plus faire une aussi grande figure, tenir ce qu’il appelle son rang, avoir des chevaux, des laquais, satisfaire toutes ses passions, etc.. Il croit manquer du nécessaire ; mais franchement le crois-tu bien à plaindre, quand à côté de lui il y en a qui meurent de faim et de froid, et n’ont pas un abri pour reposer leur tête ? Le sage, pour être heureux,