Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/457

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ritoire quand il a pour but de sauver celle d’autrui ou d’être utile à ses semblables ?

« Cela est sublime, selon l’intention, et le sacrifice de sa vie n’est pas un suicide ; mais Dieu s’oppose à un sacrifice inutile et ne peut le voir avec plaisir s’il est terni par l’orgueil. Un sacrifice n’est méritoire que par le désintéressement, et celui qui l’accomplit a quelquefois une arrière-pensée qui en diminue la valeur aux yeux de Dieu. »

Tout sacrifice fait aux dépens de son propre bonheur est un acte souverainement méritoire aux yeux de Dieu, car c’est la pratique de la loi de charité. Or, la vie étant le bien terrestre auquel l’homme attache le plus de prix, celui qui y renonce pour le bien de ses semblables ne commet point un attentat : c’est un sacrifice qu’il accomplit. Mais avant de l’accomplir, il doit réfléchir si sa vie ne peut pas être plus utile que sa mort.

952. L’homme qui périt victime de l’abus de passions qu’il sait devoir hâter sa fin, mais auxquelles il n’a plus le pouvoir de résister, parce que l’habitude en a fait de véritables besoins physiques, commet-il un suicide ?

« C’est un suicide moral. Ne comprenez-vous pas que l’homme est doublement coupable dans ce cas ? Il y a chez lui défaut de courage et bestialité, et de plus oubli de Dieu. »

― Est-il plus ou moins coupable que celui qui s’ôte la vie par désespoir ?

« Il est plus coupable, parce qu’il a le temps de raisonner son suicide ; chez celui qui le fait instantanément, il y a quelquefois une sorte d’égarement qui tient de la folie ; l’autre sera beaucoup plus puni, car les peines sont toujours proportionnées à la conscience que l’on a des fautes commises. »

953. Lorsqu’une personne voit devant elle une mort