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L’homme se fait des peines et des jouissances de l’âme après la mort une idée plus ou moins élevée, selon l’état de son intelligence. Plus il se développe, plus cette idée s’épure et se dégage de la matière ; il comprend les choses sous un point de vue plus rationnel, il cesse de prendre à la lettre les images d’un langage figuré. La raison plus éclairée nous apprenant que l’âme est un être tout spirituel nous dit, par cela même, qu’elle ne peut être affectée par les impressions qui n’agissent que sur la matière ; mais il ne s’ensuit pas pour cela qu’elle soit exempte de souffrances, ni qu’elle ne reçoive pas la punition de ses fautes. (237).

Les communications spirites ont pour résultat de nous montrer l’état futur de l’âme, non plus comme une théorie, mais comme une réalité ; elles mettent sous nos yeux toutes les péripéties de la vie d’outre-tombe ; mais elles nous les montrent en même temps comme des conséquences parfaitement logiques de la vie terrestre, et, quoique dégagées de l’appareil fantastique créé par l’imagination des hommes, elles n’en sont pas moins pénibles pour ceux qui ont fait un mauvais usage de leurs facultés. La diversité de ces conséquences est infinie ; mais on peut dire, en thèse générale : chacun est puni par où il a péché ; c’est ainsi que les uns le sont par la vue incessante du mal qu’ils ont fait ; d’autres par les regrets, la crainte, la honte, le doute, l’isolement, les ténèbres, la séparation des êtres qui leur sont chers, etc.

974. D’où vient la doctrine du feu éternel ?

« Image, comme tant d’autres choses, prise pour la réalité. »

― Mais cette crainte ne peut-elle avoir un bon résultat ?

« Vois donc si elle en retient beaucoup, même parmi ceux qui l’enseignent. Si vous enseignez des choses que la raison rejette plus tard, vous ferez une impression qui ne sera ni durable ni salutaire. »

L’homme, impuissant à rendre, par son langage, la nature de ces souffrances, n’a pas trouvé de comparaison plus énergique que celle du feu, car, pour lui le feu est le type du plus cruel supplice et le symbole de l’action la plus énergique ; c’est pourquoi