Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre pouvoir, à combattre, à anéantir l’idée de l’éternité des peines, pensée blasphématoire envers la justice et la bonté de Dieu, source la plus féconde de l’incrédulité, du matérialisme et de l’indifférence qui ont envahi les masses depuis que leur intelligence a commencé à se développer. L’Esprit, près de s’éclairer, ne fût-il que même dégrossi, en a bientôt saisi la monstrueuse injustice ; sa raison la repousse, et alors il manque rarement de confondre dans un même ostracisme et la peine qui le révolte et le Dieu auquel il l’attribue ; de là les maux sans nombre qui sont venus fondre sur vous et auxquels nous venons vous apporter remède. La tâche que nous vous signalons vous sera d’autant plus facile que les autorités sur lesquelles s’appuient les défenseurs de cette croyance ont toutes évité de se prononcer formellement ; ni les conciles, ni les Pères de l’Église n’ont tranché cette grave question. Si, d’après les Évangélistes eux-mêmes, et en prenant au pied de la lettre les paroles emblématiques du Christ, il a menacé les coupables d’un feu qui ne s’éteint pas, d’un feu éternel, il n’est absolument rien dans ses paroles qui prouve qu’il les ait condamnés éternellement.

« Pauvres brebis égarées, sachez voir venir à vous le bon Pasteur qui, loin de vouloir vous bannir à tout jamais de sa présence, vient lui-même à votre rencontre pour vous ramener au bercail. Enfants prodigues, quittez votre exil volontaire ; tournez vos pas vers la demeure paternelle : le père vous tend les bras et se tient toujours prêt à fêter votre retour en famille. »

LAMENNAIS.

« Guerres de mots ! guerres de mots ! n’avez-vous pas fait assez verser de sang ! faut-il donc encore rallumer les bûchers ? On discute sur les mots : éternité des peines, éternité des châtiments ; ne savez-vous donc pas que ce