Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/504

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avec succès ? Le voici. Remplacez-le par quelque chose de mieux ; trouvez une solution plus philosophique à toutes les questions qu’il résout ; donnez à l’homme une autre certitude qui le rende plus heureux, et comprenez bien la portée de ce mot certitude, car l’homme n’accepte comme certain que ce qui lui paraît logique ; ne vous contentez pas de dire cela n’est pas, c’est trop facile ; prouvez, non par une négation, mais par des faits, que cela n’est pas, n’a jamais été et ne peut pas être ; si cela n’est pas, dites surtout ce qu’il y aurait à la place ; prouvez enfin que les conséquences du spiritisme ne sont pas de rendre les hommes meilleurs, et partant plus heureux, par la pratique de la plus pure morale évangélique, morale qu’on loue beaucoup, mais qu’on pratique si peu. Quand vous aurez fait cela, vous aurez le droit de l’attaquer. Le spiritisme est fort parce qu’il s’appuie sur les bases mêmes de la religion : Dieu, l’âme, les peines et les récompenses futures ; parce que surtout il montre ces peines et ces récompenses comme des conséquences naturelles de la vie terrestre, et que rien, dans le tableau qu’il offre de l’avenir, ne peut être désavoué par la raison la plus exigeante. Vous, dont toute la doctrine consiste dans la négation de l’avenir, quelle compensation offrez-vous pour les souffrances d’ici-bas ? Vous vous appuyez sur l’incrédulité, il s’appuie sur la confiance en Dieu ; tandis qu’il convie les hommes au bonheur, à l’espérance, à la véritable fraternité, vous, vous lui offrez le néant pour perspective, et l’égoïsme pour consolation ; il explique tout, vous n’expliquez rien ; il prouve par les faits, et vous ne prouvez rien ; comment voulez-vous qu’on balance entre les deux doctrines ?