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VI

Ce serait se faire une bien fausse idée du spiritisme de croire qu’il puise sa force dans la pratique des manifestations matérielles, et qu’ainsi en entravant ces manifestations on peut le miner dans sa base. Sa force est dans sa philosophie, dans l’appel qu’il fait à la raison, au bon sens. Dans l’antiquité, il était l’objet d’études mystérieuses, soigneusement cachées au vulgaire ; aujourd’hui, il n’a de secrets pour personne ; il parle un langage clair, sans ambiguïté ; chez lui, rien de mystique, point d’allégories susceptibles de fausses interprétations : il veut être compris de tous, parce que le temps est venu de faire connaître la vérité aux hommes ; loin de s’opposer à la diffusion de la lumière, il la veut pour tout le monde ; il ne réclame pas une croyance aveugle, il veut que l’on sache pourquoi l’on croit ; en s’appuyant sur la raison, il sera toujours plus fort que ceux qui s’appuient sur le néant. Les entraves que l’on tenterait d’apporter à la liberté des manifestations pourraient-elles les étouffer ? Non, car elles produiraient l’effet de toutes les persécutions : celui d’exciter la curiosité et le désir de connaître ce qui serait défendu. D’un autre côté, si les manifestations spirites étaient le privilège d’un seul homme, nul doute qu’en mettant cet homme de côté, on ne mit fin aux manifestations ; malheureusement pour les adversaires, elles sont à la disposition de tout le monde, et l’on en use depuis le plus petit jusqu’au plus grand, depuis le palais jusqu’à la mansarde. On peut en interdire l’exercice public ; mais on sait précisément que ce n’est pas en public qu’elles se produisent le mieux : c’est dans l’intimité ; or, chacun pouvant