Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/507

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laisser que la réalité et le positif : voilà son rôle ; mais celui de fondatrice ne lui appartient pas ; elle montre ce qui est, elle coordonne, mais elle ne crée rien, car ses bases sont de tous les temps et de tous les lieux ; qui donc oserait se croire assez fort pour l’étouffer sous les sarcasmes et même sous la persécution ? Si on la proscrit d’un côté, elle renaîtra en d’autres lieux, sur le terrain même d’où on l’aura bannie, parce qu’elle est dans la nature et qu’il n’est pas donné à l’homme d’anéantir une puissance de la nature, ni de mettre son veto sur les décrets de Dieu.

Quel intérêt, du reste, aurait-on à entraver la propagation des idées spirites ? Ces idées, il est vrai, s’élèvent contre les abus qui naissent de l’orgueil et de l’égoïsme ; mais ces abus, dont quelques-uns profitent, nuisent à la masse ; il aura donc pour lui la masse, et n’aura pour adversaires sérieux que ceux qui sont intéressés à maintenir ces abus. Par leur influence, au contraire, ces idées, rendant les hommes meilleurs les uns pour les autres, moins avides des intérêts matériels et plus résignés aux décrets de la Providence, sont un gage d’ordre et de tranquillité.


VII

Le spiritisme se présente sous trois aspects différents : le fait des manifestations, les principes de philosophie et de morale qui en découlent, et l’application de ces principes ; de là trois classes, ou plutôt trois degrés parmi les adeptes : 1° ceux qui croient aux manifestations et se bornent à les constater : c’est pour eux une science d’expérimentation ; 2° ceux qui en comprennent les conséquences morales ; 3° ceux qui pratiquent ou s’efforcent de prati-