Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/89

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qu’ils soient, ils ne changent rien au fond de la science. Les Esprits interrogés sur ce point ont donc pu varier dans le nombre des catégories, sans que cela tire à conséquence. On s’est armé de cette contradiction apparente, sans réfléchir qu’ils n’attachent aucune importance à ce qui est purement de convention ; pour eux, la pensée est tout : ils nous abandonnent la forme, le choix des termes, les classifications, en un mot, les systèmes.

Ajoutons encore cette considération que l’on ne doit jamais perdre de vue, c’est que parmi les Esprits, aussi bien que parmi les hommes, il en est de fort ignorants, et qu’on ne saurait trop se mettre en garde contre la tendance à croire que tous doivent tout savoir parce qu’ils sont Esprits. Toute classification exige de la méthode, de l’analyse et la connaissance approfondie du sujet. Or, dans le monde des Esprits, ceux qui ont des connaissances bornées sont, comme ici-bas les ignorants, inhabiles à embrasser un ensemble, à formuler un système ; ils ne connaissent ou ne comprennent qu’imparfaitement toute classification quelconque ; pour eux, tous les Esprits qui leur sont supérieurs sont du premier ordre, sans qu’ils puissent apprécier les nuances de savoir, de capacité et de moralité qui les distinguent, comme parmi nous un homme brut à l’égard des hommes civilisés. Ceux mêmes qui en sont capables peuvent varier dans les détails selon leur point de vue, surtout quand une division n’a rien d’absolu. Linné, Jussieu, Tournefort ont eu chacun leur méthode, et la botanique n’a pas changé pour cela ; c’est qu’ils n’ont inventé ni les plantes, ni leurs caractères ; ils ont observé les analogies d’après lesquelles ils ont formé les groupes ou classes. C’est ainsi que nous avons procédé ; nous n’avons inventé ni les Esprits ni leurs caractères ; nous avons vu et observé, nous les avons jugés à leurs