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profondes, dans leurs années de maturité passées aussi à la campagne et alors que ces écrivains avaient déjà conscience des observations qu’ils faisaient avec amour, avec le vouloir de pénétrer le sens et l’esprit de la vie du peuple. Que ces œuvres soient réalistes, comme celles de Tolstoï et de Tourguéniew, qu’elles soient un mélange de réalisme et d’idéalisme comme chez George Sand, elles nous deviennent chères avant tout par la vérité avec laquelle elles interprètent l’esprit du peuple, par leur vérité psychologique jointe à la vérité matérielle. En analysant, à leur place, ce que l’on est convenu d’appeler les romans rustiques de George Sand, nous aurons plusieurs fois l’occasion de répéter l’opinion banale et rebattue, que leur auteur ne se serait « convertie » à la nature et à la campagne qu’après la terreur de 1848-49. Nous ferons remarquer aussi que cette « conversion » à la vie villageoise s’est manifestée également dans toutes les littératures européennes, même en Russie, pendant le second et le troisième quart de notre siècle, et que ce phénomène s’est même produit dans les pays qui n’ont eu, en 1848, aucune « horreur » à déplorer. Nous en parlerons plus loin. Qu’il nous suffise, pour le moment, de faire remarquer que George Sand se distingue — comme Maupassant — de tous les autres écrivains français par sa connaissance approfondie, son amour et la peinture qu’elle nous donne de la vie rustique. Et, comme Maupassant, elle présente le type, rare en France, mais très répandu en Russie, de l’écrivain grandi à la campagne, de l’écrivain-propriétaire, produit organique du milieu et de la vie qu’il a décrits plus tard.

Disons aussi que les descriptions de la nature berrichonne, devenues déjà classiques et publiées dans des