Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/169

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« Pages choisies » et des manuels de littérature, sont bien supérieures — à la fois beaucoup plus vivantes et plus artistiques — à toutes celles des autres régions de la France que nous trouvons dans les romans de date postérieure et dans les tous derniers romans de George Sand. Le Berry, comme plus tard les Pyrénées et Venise, sont devenus, de plein droit et à jamais, l’apanage de notre héroïne, quoiqu’elle ne les ait nullement observés, dans le but d’utiliser ses impressions comme matière à description littéraire. Toutes les impressions qu’elle avait reçues du Berry se sont gravées, comme à son insu, dans son imagination à l’époque, où, toute enfant, elle vivait d’une vie propre, dans ces calmes plaines verdoyantes, à l’ombre des grands ormes, le long des poétiques rives de l’Indre ou des traînes serpentant entre deux murs de verdure. Quel lecteur ne s’est pas senti pénétré par la poésie, le pittoresque de ces beaux tableaux, dont il garde à jamais le souvenir ? Lorsque plus tard, George Sand se mit à décrire à dessein différents paysages de la France et de l’Italie où se passent ses romans ultérieurs — tels que Mademoiselle Merquem, Mademoiselle la Quintinie, Tamaris, La Daniella, Jean de la Roche, etc. — l’effet en fut tout autre et l’impression bien moins pénétrante. Ces dernières descriptions approchant du réalisme documentaire contemporain, avec ses détails si précis, sont froides et s’oublient d’autant plus vite que que la lecture en est moins facile ; elles sont même fréquemment lourdes et ennuyeuses. Les descriptions du Berry s’emparent de nous comme les choses de la nature réellement vues, senties, et la raison en est simple, c’est qu’elles ont été vécues par l’écrivain. La vie des gens rustiques et les scènes de la nature berruyère, voilà les deux éléments des œuvres de George