Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/186

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qui eurent une influence sur son caractère et sur son développement moral et intellectuel.

Aurore conserva avec beaucoup de ses amies des relations affectueuses, même après sa sortie du couvent, tout comme elle entretint pendant de longues années une correspondance avec sa « mère spirituelle » Alicia, grand cœur, esprit original, qui avait su dompter l’insoumise petite berrichonne à force de douceur, de patience et surtout d’amour.

Un autre côté encore qui se refléta fortement sur la nature impressionnable d’Aurore, ce fut l’aspect pittoresque et le charme poétique du couvent. Ce dédale de vieilles constructions, avec ses couloirs et ses cloîtres, ses galeries, ses escaliers et ses recoins mystérieux, où les lampes scintillaient dans la pénombre ; toutes ces niches, ces greniers et ces souterrains ; ces cellules proprettes toutes remplies du pieux et naïf bric-à-brac, dont la foi simple embellit les objets de sa vénération, toutes ces fleurettes, ces enluminures, ces cierges, ces auréoles et ces dorures ; l’église, avec son tableau admirable du Titien ; le jardin embaumé de fleurs et endormi dans son calme poétique ; la petite cour toute pavée de pierres sépulcrales aux emblèmes de mort ; les hautes murailles, les grilles en fer et les grandes portes lourdes retombant à grand bruit ; tout cela ne pouvait pas ne pas enchanter l’artiste inconsciente qui sommeillait dans la jeune fille.

Il est digne de remarquer que la conversion d’Aurore, qui survint la seconde année de son séjour au couvent, dépendit en grande partie de ces impressions purement artistiques et que la poésie extérieure du catholicisme y joua aussi un rôle considérable. Durant la première année, Aurore s’était montrée fort indifférente aux cérémonies