on y voit apparaître tout le désarroi et la fermentation qui régnaient alors dans l’âme d’Aurore, presque tous les éléments des créations futures de l’illustre écrivain et même le plan en germe de l’Histoire de ma Vie. C’est donc à cette époque reculée qu’il faut rapporter l’intention, née en George Sand, d’expliquer sa vie et sa disposition d’âme par des traits héréditaires et par les circonstances au milieu desquelles elle s’était développée et avait grandi[1]. À son retour, elle se trouvait beaucoup mieux[2], mais aussitôt que l’hiver arriva, elle retomba encore malade, et à tout ce qu’elle avait ressenti auparavant vinrent se joindre les rhumatismes, dont elle souffrit pendant plusieurs années, ce qui l’obligeait, dans la mauvaise saison, à s’envelopper de flanelle des pieds à la tête. Les Dudevant passèrent l’hiver de 1827-1828 à La Châtre, à l’occasion des élections, auxquelles Casimir prit une part active, et dans lesquelles, grâce surtout à ses efforts et à ceux de ses amis, triompha le parti libéral qui nomma, comme député, le vieux républicain Duris-Dufresne. À La Châtre, les Dudevant tinrent table ouverte, donnant des soirées et des dîners. La maison était pleine de monde. Chacun s’intéressait aux élus et aux électeurs, intriguait, s’échauffait, et, dans les intervalles, dansait ou potinait, comme il est de mise dans toute bonne ville de province qui se respecte. Dans l’Histoire de ma Vie, George Sand rapporte à cette époque un épisode qu’elle raconte dans la Correspondance sous la date du 20 janvier 1829, dans une
- ↑ Ce premier essai, des plus intéressants, parut après la mort de la célèbre romancière dans le Figaro des 4 et 11 novembre 1888.
- ↑ Le 4 septembre elle écrit à sa mère : « Tous en parfaite santé : beau-fils, fille et petit-fils. J’ai un appétit dévorant et, chose très agréable, j’ai acquis l’habitude de dormir… »