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tière, très fidèle, très propre et très bonne, m’aida à faire mon ménage pour 15 francs par mois. Je me fis apporter mon repas de chez un gargotier très propre et très honnête aussi, moyennant 2 francs par jour. Je savonnais et repassais moi-même le fin. J’arrivai alors à trouver mon existence possible dans la limite de ma pension. Le plus difficile fut d’acheter des meubles[1]… »

Pour s’acheter des meubles[2] elle fut obligée d’emprunter de l’argent à de Latouche. Toutes ses lettres inédites à son mari et à Hippolyte, datées de la seconde moitié de 1831 et du commencement de 1832, sont remplies de ses soucis et de ses inquiétudes à propos du payement de cette dette. Longtemps elle ne sut comment l’acquitter. Elle demanda à Hippolyte de la cautionner ; il refusa d’abord, consentit ensuite et même lui avança 500 francs. Dans un de ses voyages à Paris, Casimir Dudevant paya gracieusement le restant de la dette de sa femme. À la fin de 1831, la vie extérieure d’Aurore devint par là plus tranquille et plus régulière, ce qui lui permit d’être plus sédentaire.

À cette époque, ses rapports avec Jules Sandeau étaient déjà tout autres que son amour mystique pour Aurélien de Sèze. Aurore se regardait maintenant comme parfaitement libre, pouvant disposer de sa personne comme elle l’entendait. Elle prétendait jouir du même droit de liberté que son mari, comme le prouvent ces quelques lignes d’une lettre écrite de Nohant à sa mère, dans laquelle elle réfute, on ne sait trop pourquoi ni comment, le bruit, arrivé aux oreilles

    Solange sur ses bras au cinquième étage, nous savons qu’elle n’amena sa fille à Paris qu’au mois d’avril de l’année suivante (1832).

  1. Histoire de ma Vie, vol. IV, p. 77-78.
  2. Dans une lettre inédite à son mari, datée de juillet 1831, elle parle de ses « meubles en acajou et en merisier ».