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George Sand d’exercer sur la jeunesse, sur les femmes surtout, l’influence la plus pernicieuse, lui imputant tous les crimes privés et littéraires qui ont perverti, selon eux, des générations entières ; ils rejettent sur l’illustre écrivain la responsabilité de presque tous les cas où les femmes ont abandonné leurs maris, tous les divorces, tous les scandales et toutes les révoltes de son époque, qu’il s’agisse de la vie privée ou de la vie sociale, jusqu’aux événements de 1848 y compris. Ils accablent à l’envi George Sand, de malédictions et de reproches. Aussi, quoi qu’en dise Caro, il faut reconnaître que l’écho s’en est prolongé jusqu’aujourd’hui. En l’été de 1896, le Gaulois publiait encore un entretien du publiciste catholique Simon Boubée avec un certain « éminent religieux, dignitaire d’un ordre enseignant » (l’Indépendance Belge prétend que c’est le père Didon). Ce personnage, obligé par sa position de lire toutes les œuvres, celles de Zola comme les autres, et formulant, cela va sans dire, son opinion sur ces dernières dans les termes les plus violents, finit cependant par ajouter que « M. Zola n’est pas si immoral que George Sand ». — Des expressions dont ce publiciste s’est servi en parlant de Zola, il est permis de déduire la raison qui l’a porté à juger si sévèrement George Sand : c’est qu’ « elle embellit le vice ».

L’opinion du père Didon a été appuyée dernièrement encore dans une encyclique du pape défendant la lecture de certains ouvrages à tout bon catholique : l’une des premières séries citées, ce sont les œuvres de la « baronne Dudevant » dont le nom résonne si étrangement dans la langue de saint Augustin et de Thomas A-Kempis. Cela prouve donc que l’accusation d’immoralité subsiste encore aujourd’hui. Tandis que la majeure partie du public actuel