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sophiques, ou le plus souvent des réflexions sur leurs propres affaires. Pour lui, un drame n’était pas une scène d’échafaud ou d’assassinat, c’était une peinture de la vie, avec ses intérêts, ses passions, ses chances de succès ou de défaite ; l’homme qui succombait n’était qu’un accident, un moyen pour dénouer l’entreprise de plusieurs[1] »…

Impossible de citer toutes les beautés du livre ; il faudrait pour cela copier des pages entières. Le lecteur fera bien de lire ou de relire le roman, s’il l’a oublié. Il comprendra certainement alors pourquoi les lecteurs et les critiques de l’époque saluèrent en l’auteur nue nouvelle étoile littéraire ; il comprendra également pourquoi les critiques contemporains y signalèrent d’emblée ces problèmes, ces « cruelles énigmes » pour tout homme pensant, que George Sand a soulevés dans ce roman !

Indiana aux yeux noirs, est toute passion, Valentine est toute poésie. C’est cette poésie douce et suave, répandue dans l’air du Berry, que George Sand avait humé dans ses matinales promenades solitaires. Le roman nous prouve pourtant que le poète connaît aussi à fond la vie de campagne. C’est là-dessus que les critiques et les historiens de la littérature, qui, par routine divisent les romans de George Sand en trois périodes, en rattachant exclusivement à la troisième l’élément champêtre, devraient fixer leur attention. Il nous est difficile de comprendre pourquoi la famille Lhéry dans Valentine devrait être considérée « peinte dans une autre manière » que la famille Barbeau dans la

  1. Cette introduction, qui manque dans les éditions postérieures d’Indiana, a été réimprimée dans l’édition des œuvres de George Sand, faite à Bruxelles par la Société belge de librairie, Méline, Cans et Cie, qui était très répandue en Russie vers 1850. Nous en possédons l’édition complète. Les tomes I, II, III, sont datés de 1842 ; le tome IV de 1843 ; le tome V de 1844 ; et le tome VI de 1847.