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interminables, ampoulés, et, enfin 5°, la fidélité et le réalisme dans la description des personnages secondaires et l’exagération romanesque des principaux héros.

Le même plaidoyer pour la liberté de sentiment contre le joug de la morale reçue se voit dans Melchior, petit récit, dont voici le sujet : un certain marin, beau, brave et honnête, Melchior, dans un accès de désespoir, noie dans l’océan sa cousine Jenny, qui avait le malheur de l’aimer et qu’il aimait aussi passionnément ; il la fait périr pour l’unique raison qu’il est depuis longtemps marié à une femme intéressée, menteuse, une aventurière dont il s’est séparé depuis longtemps et qui, de son côté, ne pense pas à lui, mais dont l’existence seule rend cependant criminel l’amour de Melchior pour Jenny, et leur bonheur. La jeune fille paie, par sa mort, un court moment de ce criminel et enivrant bonheur partagé, et Melchior le paie à son tour par la folie[1].

La Providence et la nature ont donné aux hommes l’amour, cette joie pure et sublime, mais les hommes ne savent pas en profiter ; créant par leurs lois des obstacles et des entraves, ils périssent chaque fois que volontairement ou malgré eux ils s’en affranchissent. Telle est la morale renfermée dans Melchior.

Dans le Toast, petit conte romantique paru dans les Soirées littéraires de Paris (recueil publié en 1832)[2], l’auteur chante, cette fois sur un ton majeur, un hymne

  1. Notons en passant que le sujet de cette nouvelle semble avoir été donné à George Sand par Néraud, car nous trouvons dans une de ses lettres la description d’une journée à bord d’un navire, et de la disparition, au milieu d’une tourmente, d’un couple d’amoureux, appelés Jenny et Melchior.
  2. Dans les Œuvres complètes de G. Sand, édition Lévy, il fait partie du volume La Coupe, etc.