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fermer l’œil, toujours sur le qui-vive, ne dormant qu’à peine sur un canapé du salon.

En décembre, George Sand eut une rechute, et ce ne fut qu’à la fin du mois qu’elle se sentit assez rétablie pour aller à Nohant. En janvier 1832, elle fut encore malade, ainsi que ses enfants. Son humeur était noire et ses lettres de janvier à avril, portent une empreinte de sombre tristesse. En avril, elle partit pour Paris avec Solange. C’est à cette époque qu’il faut rapporter la description qu’elle fait de sa vie avec sa fille au quai Saint-Michel dans l’Histoire de ma Vie[1], racontant comment une excellente voisine avait pris la petite berrichonne sous sa protection et la faisait jouer auprès d’elle avec d’autres enfants, lorsqu’Aurore était occupée ou qu’elle avait à sortir.

À peine établie à Paris avec Solange, George Sand tomba de nouveau malade, et cette fois elle inspira plus de craintes encore à ses amis qui prirent la maladie pour un des premiers cas du choléra qui venait d’éclater à Paris. Elle écrit à sa mère : « Mes amis et mes portiers épouvantés ont décidé que j’avais le choléra ; le médecin a eu beau les assurer du contraire. Ils le croient et le croiront toujours. Deux de mes plus dévoués sont couchés dans mon salon, l’un par terre, l’autre je ne sais où. Je m’éveille et m’étonne beaucoup du grand aria que je vois autour de moi, car je vous assure que j’étais bien moins malade qu’ils ne me font. J’ai eu quelques symptômes du choléra, mais si légers, qu’une tasse de thé et des couvertures les ont dissipés et que j’ai dormi comme un sonneur jusqu’à midi[2]. » Il est à croire que ce choléra n’était pas

  1. Histoire de ma vie, vol. IV, p. 78-79.
  2. Datée du 14 avril 1832. Inédite.