Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/73

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quer de réserve et de tact ; ils préfèrent alors garder le silence ou se contenter d’allusions mystérieuses à des événements universellement connus, pendant que les biographes hostiles à George Sand, s’étendant sur son immoralité et sa perversion, citent à l’appui de ce qu’ils avancent toute une collection de considérations et d’anecdotes variées.

Pour en revenir aux biographes de Musset et de Chopin, nous devons, à notre grand regret, dire que l’on trouve chez eux une tendance étonnamment unanime à noircir George Sand, à la condamner coûte que coûte. Leur désaccord n’est que plus surprenant dans l’interprétation qu’ils donnent parfois des mêmes faits et de certains traits de son caractère. Tel est cependant le propre des pauvres humains, qu’ils ne peuvent jamais analyser une question de psychologie ordinaire ou sociale sans traîner quelqu’un sur le banc des accusés ; mais la vie, surtout la vie intime de notre être, c’est quelque chose de si grand, de si infini et qui se compose de tant de facteurs si infiniment petits, incommensurables, impondérables, impalpables, qu’elle se prête peu à cette façon juridique de poser la question et y échappe même absolument.

Les biographes de Musset et de Chopin s’évertuent à charger George Sand de toutes les accusations possibles et impossibles, à la peindre sous l’aspect le plus choquant ; ils tombent même souvent dans les contradictions les plus comiques les uns avec les autres et avec eux-mêmes, comme cela se voit chaque fois que les hommes se laissent entraîner par la colère, la méchanceté et la haine. C’est ce que nous voyons chez la mondaine et légitimiste vicomtesse de Janzé, chez ce hâbleur de Mirecourt, chez M. Mariéton et chez différents chroniqueurs de Revues qui, peu préoccupés de la vérité et prenant à rebours le dicton bien connu