complètes de Musset restent comme si elles n’existaient pas, la famille s’opposant à leur entière publication. Celui qui ne redoute pas la vérité n’agit pas ainsi ! Tout ce que nous avons eu jusqu’ici des lettres de Musset se réduit à des fragments disséminés çà et là (dans l’ouvrage d’Arvède Barine, dans les Mémoires de Grenier, dans les articles et les livres de MM. de Spœlberch de Lovenjoul, de Mariéton, etc.), et ces quelques fragments ont déjà suffi pour jeter un peu de lumière sur l’épisode qui nous occupe. Quant à nous, nous ne pouvons, en nous basant sur l’étude de sources non publiées jusqu’ici, qu’exprimer notre entière désapprobation sur la façon d’agir de la famille de Musset et nous rallier à l’opinion, souvent exprimée dans la presse, et émise encore récemment par le Mussettiste M. Clouard et le Sandiste vicomte de Spoelberch, que la publication complète de cette correspondance servirait à justifier pleinement George Sand, et dégagerait la vérité, sans ternir en rien la gloire d’Alfred de Musset.
Malheureusement, si la Biographie de ce dernier, écrite par son frère, essaie de travailler à cette gloire, elle est loin de remplir la seconde condition, celle de dégager la vérité, et nous souscrivons ici, avec une conviction inébranlable, à tout ce qu’en dit Arvède Barine[1].
- ↑ En affirmant que Paul de Musset « travestit les faits à dessein dans sa Biographie », qu’il s’efforce non seulement d’égarer le lecteur au sujet de la personne dont il parle dans chacune des quatre Nuits (Lindau fait la même observation), qu’il est poussé, « pour altérer ainsi la vérité, par deux raisons : sa haine contre George Sand qui l’animait à diminuer sa part, selon l’expression de quelqu’un qui l’a bien connu, et le désir légitime d’égarer le lecteur dans la mêlée de femmes du monde compromises par son frère, » (il est bizarre qu’Arvède Barine trouve ce désir légitime). « La Nuit de décembre, dit plus loin Arvède Barine, faisait la part trop belle à l’héroïne pour qu’un justicier de cette âpreté pût se résoudre à la laisser à George Sand » (A. Barine, p. 100). Mais ce n’est pas encore assez ! Il fallait de plus que Paul de Musset altérât, en les publiant, les lettres authentiques de son frère. Arvède Barine fait observer