Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/93

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n’était pas au pouvoir des deux auteurs de supprimer beaucoup d’événements de leur vie ; mais ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient et devaient faire comme femmes, car ces deux esprits de génie ne pouvaient pas, ne devaient pas oublier, qu’elles étaient pourtant femmes ; soumises à la modestie féminine, elles ont gardé un silence discret sur certaines choses et c’est pour elles un mérite de l’avoir fait ; elles ont donc droit à notre entière approbation. Cette manière d’écrire entraîne naturellement quelques hésitations, quelques inexactitudes dans la thèse. Des détails importants apparaissent comme insignifiants, des faits minimes revêtent un caractère de grandeur, les choses vagues ou obscures s’éclairent, grâce à la lumière éblouissante projetée par un esprit brillant ou par le voisinage d’un fait éclatant, le criard et le tranchant s’estompent dans l’ombre des observations générales, spirituellement incolores, ou d’une profondeur obscure à dessein. On est forcé de lire entre les lignes, mais l’ensemble, surtout dans l’Histoire de ma Vie, est tout à fait conforme à l’idée générale. Aussi faut-il, si nous voulons dégager la vérité de ces deux géniales autobiographies, rejeter les détails sans importance et nous contenter de suivre le développement de l’idée générale, dans le premier comme dans le second ouvrage. Nous nous trouverons, par là, sûrement sur la bonne voie et nous n’aurons pas à craindre de nous égarer dans la brume des obscurités, ni dans la noire forêt des contradictions.

Dans ce livre, qui paraît après d’innombrables biographies, d’ouvrages et d’articles critiques sur George Sand, nous ne nous permettrons nullement, répétons-le, de redire tout ce que nous raconte l’Histoire de ma Vie, car nous ne la considérons pas comme un « document ».