Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/177

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Mais, entraînée par des motifs purement personnels et aussi par ses souvenirs et par la peinture des caractères des personnes qui l’entouraient, — ce qui est tout naturel pour un artiste, qui n’est pas un homme de science, — George Sand a consacré trop de place et trop de temps au récit de ses jeunes années et n’a eu le temps de nous raconter en détail que l’histoire de son développement primitif. Elle ne consacre que peu de pages de la dernière partie de l’Histoire de ma Vie à l’action exercée sur elle dans un âge plus mûr, par les idées des penseurs, des artistes et des personnages politiques qui l’entouraient. Elle parle de tout cela brièvement, comme en courant, quoiqu’elle reconnaisse la réalité de ces influences.

Ce qui nous frappe surtout chez George Sand, c’est la gradation certaine qui se fait remarquer dans ces changements. On dirait qu’en se liant spontanément d’amitié ou d’amour avec beaucoup de personnes éminentes de son époque, George Sand parcourait comme sciemment le cycle de son évolution spirituelle, se rapprochait comme avec préméditation des gens qui lui découvraient tour à tour la vérité, faisant résonner les unes après les autres les sept cordes de la lyre, dont l’accord complet produit seul l’harmonie et l’unité de l’esprit humain et le rapproche autant que possible de la vérité absolue.

Après avoir acquis son indépendance personnelle, après avoir trouvé sa vocation et acquis la situation et la gloire d’un véritable écrivain, — nous avons déjà montré dans quelle proportion y ont contribué de Sèze, Sandeau, de Latouche et Planche, — George Sand vécut d’une vie non raisonnée et spontanée pendant un certain temps. Durant quatre ans, de 1831 jusqu’en 1835, ce fut une époque d’entraînements. Mais, même dans la période de